Accompagner la libération de la parole des enfants, mieux repérer et agir rapidement contre les violences dont ils sont victimes : Paris dévoile un grand plan d'action, premier du genre en France
Communiqué
Mise à jour le 14/11/2025 à 14h44
Droits des enfants
Les violences faites aux enfants, à l'instar du mouvement #MeToo, constituent un véritable fléau de société en France, dont l'ampleur apparaît à mesure que la parole, des plus jeunes enfants jusqu'aux adolescentes et adolescents, se libère peu à peu.
Les chiffres qui mesurent cette réalité sont alarmants
:
- 1 enfant sur 10 est victime de violences sexuelles,
dont 80% au sein de la famille, le reste du temps au sein d'une institution,
qu'il s'agisse de l'école ou d'un milieu sportif ou associatif.
- 1 enfant meurt en France sous les coups de ses parents tous les 5 jours (durant la période du premier confinement, le nombre d'hospitalisations d'enfants de moins de 5 ans pour maltraitance a doublé).
- 1 enfant sur 10 est victime de harcèlement entre enfants, phénomène amplifié par la présence quasi permanente des enfants sur les réseaux sociaux qui fait du cyber-harcèlement un fléau national.
- 1 enfant meurt en France sous les coups de ses parents tous les 5 jours (durant la période du premier confinement, le nombre d'hospitalisations d'enfants de moins de 5 ans pour maltraitance a doublé).
- 1 enfant sur 10 est victime de harcèlement entre enfants, phénomène amplifié par la présence quasi permanente des enfants sur les réseaux sociaux qui fait du cyber-harcèlement un fléau national.
Première Ville reconnue « Ville amie des enfants » par
l'UNICEF depuis 2002, label renouvelé en 2025, Paris a été précurseure en
matière de prévention et de lutte contre toutes les atteintes aux droits de
l'enfant et a fait de la protection des mineurs accueillis dans les structures
parisiennes (périscolaire, extrascolaire, activités sportives, culturelles) une
priorité absolue.
Ces objectifs se sont traduits par la mise en place de
nombreux outils : Mission des droits de l'enfant, Plan de lutte contre toutes
les violences faites aux enfants voté à l'unanimité du Conseil de Paris en
2021, référentiel commun sur la protection de l'enfance. Le recrutement, la
formation, la procédure et le traitement des signalements, la communication aux
familles sont autant de leviers via lesquels la Ville a développé des
dispositifs et des procédures ayant pour enjeu la sécurité physique et
affective des mineurs qu'elle accueille, ou dont elle a la charge dans ses
missions.
Les récents signalements de plusieurs situations de
suspicions d'actes à caractère sexuel dans des écoles, publiques comme privées,
parisiennes comme françaises, obligent les pouvoirs publics, comme toute la
société, à intensifier leur action, car la responsabilité collective est de
tout faire pour protéger les victimes d'aujourd'hui, et empêcher qu'il y en ait
d'autres à l'avenir. A Paris, la Ville et l'Académie se mobilisent de façon
complémentaire pour répondre aux situations émergeant sur tous les temps au
sein de l'école.
Parler, plus encore pour un enfant, est un acte de
courage. La Ville de Paris réaffirme qu'elle se tient et - se tiendra toujours
- à leurs côtés.
Dans ce contexte, et à l'occasion de la Journée internationale
des droits de l'enfant, Paris dévoile aujourd'hui un grand plan d'action,
premier du genre en France, pour que les plus de 380 000 enfants parisiens qui
y grandissent se sentent protégés dans tous les espaces dans lesquels ils
évoluent et soient accompagnés en toutes circonstances.
Ce plan d'action est notamment issu des échanges avec
les familles et les représentants des parents d'élèves, du regard des experts,
ou encore des recommandations des enquêteurs qui ont été mobilisés à la suite des
alertes récentes.
Il vise à la fois à renforcer les dispositifs existants et à en créer de nouveaux pour prévenir ces violences par la promotion d'une culture des droits de l'enfant et par l'accompagnement de la libération de la parole, d'une part et à mieux repérer, intervenir et agir immédiatement face à toutes formes de violences contre des Parisiennes et Parisiens de 0 à 18 ans.
Il vise à la fois à renforcer les dispositifs existants et à en créer de nouveaux pour prévenir ces violences par la promotion d'une culture des droits de l'enfant et par l'accompagnement de la libération de la parole, d'une part et à mieux repérer, intervenir et agir immédiatement face à toutes formes de violences contre des Parisiennes et Parisiens de 0 à 18 ans.
Face aux violences sexuelles sur mineurs, la Ville applique la "tolérance zéro".
Promouvoir la culture des droits de l'enfant et
accompagner la libération de la parole auprès des enfants, des familles et du
grand public
- La création du Défenseur des enfants de la Ville de
Paris, le nouveau garant des droits pour tous les enfants parisiens
- A l'occasion du Conseil de Paris du mois de
novembre, la Maire de Paris proposera la création d'une nouvelle fonction au
sein de l'administration parisienne : le Défenseur des enfants de la Ville de
Paris. La création d'une commission collégiale d'instruction des signalements
adressés à la Ville.
Autorité indépendante de l'Exécutif parisien et de
l'administration, le rôle du Défenseur des enfants de la Ville de Paris
est de garantir qu'à tout moment, la parole de l'enfant puisse s'exprimer et de
s'assurer que l'ensemble des règles, doctrines et règlementation relatif à la
protection de l'enfance s'applique en tout lieu dans notre ville. Il sera
chargé d'une double mission :
Renforcer la protection des droits de l'enfant : les enfants, leurs représentants légaux et les
adultes qui les entourent auront la possibilité de saisir le Défenseur des
enfants sur une situation, une difficulté susceptible de constituer une
atteinte à leurs droits et survenue dans tout lieu ou service municipal. Le
Défenseur des enfants disposera également d'une capacité à s'autosaisir de tout
sujet lié à la protection des droits des enfants à Paris.
Amplifier la promotion et la culture des droits de
l'enfant : Il s'agit de poursuivre et
d'amplifier le travail enclenché par la Mission des droits de l'enfant, créée
en 2020 et qui a déjà permis la sensibilisation de 40 000 enfants dans le cadre
de leur temps scolaire ou périscolaire. De nouveaux ateliers ludiques de
sensibilisation aux droits de l'enfant (tels qu'inscrits dans la Convention
Internationale des droits de l'enfant) seront proposés dès la crèche, ainsi que
des outils à destination des parents et des modules de formation - rendus
obligatoires - à l'attention de tous les professionnels de l'enfance. Tous les
lieux qui accueillent des enfants et adolescents pourront bénéficier d'une
formation gratuite, avec une attention particulière sur la question des
violences physiques, psychologiques et sexuelles.
Le Défenseur appuiera son action sur un réseau de
délégués présents dans tous les arrondissements.
Une adresse mail générique sera créée et largement
communiquée au grand public, dans le but de recevoir des réclamations ou
signalements d'atteinte aux droits d'un enfant.
- Deux nouveaux moments clefs de dépistage des
violences dans le parcours de tous les enfants scolarisés dans les écoles
primaires publiques : les bilans de santé à l'école maternelle
Les bilans réalisés par les équipes de santé scolaire
de la Ville aux 3/4 ans et 5/6 ans de l'enfant intègreront le repérage des
signaux faibles de situations de violence de façon plus spécifique et
renforcée.
- Pour intégrer la question de la prévention dans toutes ses dimensions, la Ville de Paris poursuivra le travail engagé sur l'aménagement des locaux
La configuration des locaux des écoles joue un rôle
dans la capacité de détection des signaux faibles ou des comportements
inadaptés. En particulier, la localisation des Espaces Première Lecture, qui
sont des lieux parfois isolés, sera revue, et un nouveau référentiel des EPL
sera élaboré.
- De nouveaux outils pour améliorer la
communication directe entre la Ville de Paris et les familles et renforcer le
lien de confiance
La communication avec les parents est essentielle.
Elle doit s'établir entre les équipements publics et les représentants de
parents, notamment dans les écoles, et avec l'ensemble des parents de manière
générale et par plusieurs canaux, afin que les familles disposent des
informations indispensables pour la bonne compréhension du fonctionnement des
temps où ils confient leurs enfants à l'institution (crèches, écoles, collèges,
conservatoires, équipements sportifs, etc.).
Cela passe par une communication écrite et orale
régulière. En ce qui concerne les écoles, la Ville veillera ainsi à :
- Une utilisation régulière de Paris Classe
Numérique, qui constitue un support adapté et efficace de diffusion des
informations et d'échanges entre les familles et la communauté éducative. La
Ville s'assurera de son utilisation dans chaque école.
- L'établissement d'un trombinoscope dans tous les
lieux qui accueillent des enfants, ou d'une photo de groupe des
intervenants auprès des enfants, afin que les parents puissent identifier
facilement les professionnels qui encadrent leurs enfants.
- Le port du badge pour les agents sera
également généralisé.
- L'organisation de moments d'échanges en
direct entre le Responsable éducatif Ville, le cas échéant, son équipe, et les
parents, en particulier les parents élus. L'organisation de conseils
périscolaires dans toutes les écoles sera généralisée ; des portes
ouvertes pour découvrir le projet du périscolaire seront également
organisées, partout.
Une campagne de sensibilisation et d'information grand
public et des familles sera lancée au premier trimestre 2026 dans tous les
équipements de la Ville accueillant des enfants
La première sécurité face aux violences est
collective. Pour renforcer la capacité de tous à agir pour mieux lutter contre
ces violences, cette campagne mettra en avant tous les outils à disposition des
enfants, des familles et des Parisiens pour promouvoir les droits de l'enfant,
agir en cas de suspicion ou réaliser des signalements.
Elle informera les enfants sur leurs droits fondamentaux
prévus dans la Convention internationale des droits de l'enfant, et sur
l'existence d'un Défenseur des enfants indépendant à qui ils pourront
s'adresser via une adresse mail générique ou via les permanences de ses
délégués présents dans les différents arrondissements de Paris.
Mieux repérer, intervenir et protéger les enfants face à toutes formes de violences (physiques, psychologiques, sexuelles) intervenant dans le champ familial, éducatif.
Un socle de formation renouvelé à l'attention des agents intervenant auprès
des enfants sur la question des violences et sur la prise en charge des
signalements.
Fonctionnant en équipe, les personnels travaillant au contact des enfants sont
garants de la sécurité de chaque enfant, ils s'assurent du respect des bonnes
pratiques de leurs collègues, doivent pouvoir détecter les signaux faibles,
signaler et agir efficacement lorsqu'une situation le requiert.
En complément de la formation obligatoire à la prévention des violences
sexuelles et sexistes s'imposant à tous les agents, et afin de renforcer leur
capacité à détecter et agir, Paris prend des engagements forts :
- Une formation obligatoire de 2 jours sera instituée avant la prise de poste de chaque animateur vacataire. Ce temps permettra notamment une évaluation plus fine des profils et de leur positionnement. Le déploiement de l'agent sur le terrain sera conditionné à la réussite de la formation. Un vacataire ne maitrisant pas les attendus ne sera pas retenu.
- Une formation obligatoire de 2 jours sera instituée avant la prise de poste de chaque animateur vacataire. Ce temps permettra notamment une évaluation plus fine des profils et de leur positionnement. Le déploiement de l'agent sur le terrain sera conditionné à la réussite de la formation. Un vacataire ne maitrisant pas les attendus ne sera pas retenu.
-Une formation à la détection des signaux faibles sera
déployée à travers la généralisation du programme "Prév'anim" : sensibilisation des animateurs, encadrement
renforcé, simulation de situations à risque.
- Deux-demi-journées "pédagogiques" seront
sanctuarisées, pour permettre la
formation commune de toutes les équipes de chaque école, notamment aux gestes
et attitudes positives et adaptées à l'accueil des enfants.
- Les prestataires de la Ville auront l'obligation d'avoir suivi des formations de prévention aux violences sexuelles sur mineurs pour se voir attribuer un marché de gestion des Accueils collectifs de mineurs.
Pour accompagner, tracer et contrôler l'effectivité des mesures de prévention sur le terrain, les supérieurs hiérarchiques des directeurs périscolaires seront dotés de moyens nouveaux et les cellules de recrutement des CASPE seront également renforcées.
La création d'une commission collégiale d'instruction
des signalements adressés à la Ville
Cette commission réunira outre les élus (dont la
Mairie d'arrondissement concernée), des représentants des parents d'élèves ou
des familles et des personnalités qualifiées. Le Défenseur des enfants y sera
représenté pour veiller au respect des droits de l'enfant.
Elle aura rôle de garantir la mise en œuvre des différentes actions à engager
pour tout signalement, notamment :
- La suspension immédiate de l'agent mis en
cause, si celle-ci n'a pas déjà été réalisée en parallèle de la remontée du
signalement.
- L'accompagnement des victimes et de leurs familles.
- Le déclenchement d'une enquête administrative et le cas échéant de mesures disciplinaires.
- La saisine du Procureur de la République via l'article 40.
- Le dépôt d'une plainte de la Ville.
- La saisine d'une information préoccupante au titre de la protection de l'enfance.
- Les liens avec les partenaires institutionnels : parquet, préfecture de police, préfecture de région, éducation nationale ...
La Ville souhaite conserver la mémoire des
signalements
La conservation de la
mémoire des signalements à l'encontre d'un agent vise à garantir, quelle que
soit l'issue de la procédure judiciaire, une approche stricte de
non-recrutement des agents ayant fait l'objet de signalements de faits à
caractère sexuel sur mineur ayant entrainé une suspension. Pour les agents
titulaires, des démarches de reconversion professionnelle des agents sur des
missions sans contact avec des mineurs sont menées.
Afin de garantir la transparence que la mise en œuvre de ce plan impose, un comité de suivi sera constitué, associant les représentants des parents et les associations, auquel le rapport annuel du Défenseur des enfants sera présenté. Ce rapport comprendra notamment un focus spécifique sur les avancées de ce plan avec ses recommandations.
Afin de garantir la transparence que la mise en œuvre de ce plan impose, un comité de suivi sera constitué, associant les représentants des parents et les associations, auquel le rapport annuel du Défenseur des enfants sera présenté. Ce rapport comprendra notamment un focus spécifique sur les avancées de ce plan avec ses recommandations.